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Picride fausse vipérine, la mal rasée

Date 26/07/2016
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Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers bords de Boivre

Picride fausse vipérine, Poitiers bords de Boivre


Helminthotheca echioides (Picride fausse vipérine ou Cochet-marocain en poitevin-saintongeais) appartient aux clan Asteraceae, le clan des fleurs à capitules (une inflorescence fournie qui prend l'apparence d'une grosse fleur unique). On continue ce qui pourrait être notre feuilleton de l'été, celui des Sauvages à fleurs jaunes à la mode «Pissenlit» (Taraxacum sect. Ruderalia), à la suite des Séneçons (Senecio vulgaris, Jacobaea vulgaris) ou des Laiterons (Sonchus oleraceus, Sonchus asper) qui ont déjà tenu le haut de l'affiche sur Sauvages du Poitou.


Pieris napi et Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers bords de Boivre

Picride fausse vipérine, Poitiers bords de Boivre


La Picride fausse vipérine est une annuelle (parfois bisanuelle) peu discrète, dont la silhouette épaisse et velue est bien connue des jardiniers (diantre, de la mauvaise herbe!): la Sauvage fréquente les milieux habités par l'homme, les jardins, les champs cultivés, les vergers, les bords des routes... Autant d'endroit où elle trouvera une terre riche, bien exposée, tassée par le passage des pieds, des véhicules ou des machines (ses colonies les plus denses peuvent signer un sol à tendance calcaire).


Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Biard (86)

Feuille rêche, ondulée, embrassante, velue (voir piquante) et «verruqueuse» de la Picride fausse vipérine.

Thérèse n’est pas moche. Elle n’a pas un physique facile... C’est différent.
(Le père Noël est une ordure, Jean-Marie Poiré)
La tige et les feuilles hérissées de poils durs de la Picride fausse vipérine dessinent des contours grossiers (la Sauvage est d'ailleurs surnommé en Angleterre Bristly Oxtongue, la «Langue de bœuf hérissée»!), qui peuvent évoquer les traits de certains membres de la famille Boraginaceae. On peut penser par exemple aux feuilles de la Vipérine (Echium vulgare), dont la Picride fausse vipérine usurpe quelque peu le nom.

Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers quartier Chilvert
Jeune rosette de la Picride fausse vipérine, comme un air de Vipérine?

A vrai dire, les deux Sauvages ne se ressemble pas franchement, si ce n'est lorsque pointent leurs jeunes rosettes de feuilles parsemées de pustules blanches. En revanche, les Sauvages à capitules jaunes de type «Pissenlit» sont bien moins aisées à différencier pour l'apprenti botaniste... Un casse tête dont la solution se trouve souvent sous les fleurs, au niveau des bractées (petites feuilles spécialisées qui entourent l'inflorescence). Celles de la Picride fausse vipérine forment une sorte de coupole (ouverte à maturité) à cinq lobes pointus, qu'il est impossible de confondre.

Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers quartier gare
Capitules de la Picride fausse vipérine, au dessus des coupoles caractéristiques à 5 lobes formées par les bractées inférieures.

La Picride fausse vipérine produit des fruits (akènes) plumeux. La Sauvage a opté pour une double stratégie quant à sa reproduction: les fruits situés le plus à l’extérieur de ses «pompons» blancs sont munis de petits plumeaux (aigrettes) trop réduits pour permettre aux semences de profiter du vent. Ces graines sont donc destinées à tomber au pied même de la plante.

J’appelle pas ça voler, j’appelle ça tomber avec panache.

(Toy Story, John Lasseter)

Au centre du «pompon», les semences sont équipées d'un matériel de vol bien plus fourni et s'envolent au loin pour conquérir de nouveaux territoires.


Helminthotheca echioides, Picride fausse vipérine, Poitiers quartier Chilvert

Akène de la Picride fausse vipérine pris au piège dans une toile d'araignée: rougeâtres, surmontés d'un long pied qui porte les soies plumeuses.


La Picride fausse vipérine côtoie généralement une autre Picride urbaine et annuelle, qui affectionne le même sol et fleurit en même temps, au cœur de l'été: la Picride éperviaire (Picris hieracioide). Cette dernière est plus haute et présente également des feuilles rêches comme du papier de verre, quoique moins hirsutes et dénuées de «verrues» blanches. La Picride épervière dresse aussi sous ses fleurs une couronne caractéristique de bractées poilues, inégales, rangées sur plusieurs rangs et réfléchies à maturité.

Picris hieracioides, Picride éperviaire, Poitiers bords de Boivre
Picride éperviaire, Poitiers bords de Boivre


Les jeunes feuilles de Picride fausse vipérine et Picride épervière sont comestibles, mais elles deviennent rapidement coriaces en gagnant en maturité (on peut alors éventuellement les faire cuire). De par ailleurs, elles doivent leur nom de Picride au suc amer et poisseux contenu dans leurs tiges, picros signifiant «amer» en grec. Vous voilà prévenus!


Pour aller plus loin:

- Helminthotheca echioides sur Tela botanica

- Helminthotheca echioides: identification assistée par ordinateur

- Picris hieracioides sur Tela botanica

- Picris hieracioides: identification assistée par ordinateur


Orobanche picridis, Orobanche de la Picride, Chezeau (86)

L’Orobanche de la Picride (Orobanche picridis) est une plante parasite dépourvue de feuilles vertes (et donc de chlorophylle) qui plante ses suçoirs sur les racines de nos Picrides. Il existe de nombreuses espèces d’Orobanches aux floraisons spectaculaires (très difficiles à différencier les unes des autres); elles parasitent de manière quasi spécifique d’autres Sauvages: Orobanche du Lierre, du Trèfle, du Thym…



Picride ou Helminthie?

Picride ou Helminthie? Sauvages du Poitou!


«Helminthotheca echioides»... Voilà un nom qui risque de ne pas vous encourager à retenir les noms latins de nos Sauvages! La Picride fausse vipérine s’appelait pourtant Picris echioides il y a quelques siècles (ce qui peut sembler plus évident pour une Picride). Au milieu du 18ème siècle, des études approfondies, menées à grands coups de loupes, ont abouti à la conclusion que la Sauvage méritait de quitter le genre des Picrides pour rejoindre un genre à part, celui des Helminthies... Et la voilà devenue Helminthie fausse vipérine (Helminthotheca echioides). Au 19ème siècle, certains chercheurs trouvent la distinction un peu tirée par les poils, et souhaitent réintégrer la Sauvage chez les Picrides. Fin 20ème siècle, les examens génétiques surpassent les loupes dans les laboratoires, et la démarcation entre Picrides et Helminthies trouve de nouveaux défenseurs et de nouveaux arguments. A suivre?





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Mot-clefs de ce billet...
Asteraceae comestible

Commentaires


marie   04/10/2016 10:45:14
Bonjour,
J'ai eu la chance de déguster une tourte aux picrides cette été en Corse, je chercher depuis à faire pousser cette merveille sous les cieux moins cléments de la région parisienne... Si quelqu'un avait la gentillesse de m'envoyer quelques semences je serai ravie!!!
mmarie16@hotmail.fr
"La picride à la conquête du grand nord" ; )
Norb   05/10/2016 07:38:30
Bonjour Marie, je n'ai jamais goûté, mais ces deux Picrides peuvent effectivement se consommer, lorsqu'elles sont jeunes et cuites. A ma connaissance (les amis parisiens pourront confirmer ou non), elles sont assez répandues sur tout le territoire français, région parisienne comprise... Vous devriez pouvoir récolter leurs petites akènes plumeux au cour de vos promenades ;) (pour l'heure, la période de récolte des fruits d'Helminthotheca echioides est sans doute passée; celle des fruits de Picris hieracioide doit toucher à sa fin).
Hubenlui   08/10/2016 17:10:27
Bonjour Norb,
Je découvre ce site et en même temps je fais connaissance avec une des sœurs du Pissenlit. Pas facile d'identifier toutes ces «fleurs jaunes».
Je ne suis qu'un petit amateur, mais un vrai amoureux des «sauvages»,
J'ai apprécié le ton du style la Hulotte : apprendre sérieusement avec humour.
Je continue à fouiller pour ne pas dire fureter tout votre site, les astéracées c'est passionnant et la découverte avec «sauvagesdupoitou» l'est aussi
Merci
A bientôt des nouvelles.
Norb   17/01/2017 17:59:45
Merci pour vos retours et vive La Hulotte, une de mes revues préférées effectivement ;)
michel   02/10/2019 23:04:08
bonjour à tous
mieux vaut tard que jamais , mais une petite contribution à ce site passionnant pour les amateurs de botanique urbaine
Cette plante est très commune dans la région parisienne
Jean-claude CROMER   19/04/2020 19:18:18
Mon gazon disparaît presque totalement sous la multitude de feuilles de picrides qui envahissent mon terrain. Comment puis-je m'en débarrasser ?
Merci d'avance pour vos conseils.
Jean-claude
jean-françois Vincent   16/05/2020 09:56:52
@jean-claude : je viens de faucher un champ où le trèfle violet semé il y a 3 ans a disparu, remplacé par cette fameuse picride que je viens de déterminer (merci plant net), pour voir si mes moutons la mangeront

Certainement que les conditions pédo climatiques 2019 ont du la favoriser : sécheresse forte, suivi d'une période pluvieuse très importante en fin d'année.
Sol limono argileux sur marne, donc calcique.
Je vais mettre une céréales, mais si je devais la laisser en herbe, j'y amènerais du compost vers fin aout. Cela favorise les graminées à la repousse d'automne (lorsqu'il pleut, bien sûr).
Norb   16/05/2020 10:52:22
Merci Jean-François de ce témoignage et de ce retour d'expérience.
Jean-Pierre Jolimaître   01/08/2020 11:17:30
Bravo pour ce site joyeux et pertinent !
La picride maudite envahit la plaine de Caen ...
C'est spectaculaire à Saint Aubin sur mer

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